MON ENNEMI PREFERE

LE VIN NOUVEAU

C’est avec mon grand-père que je trempe mes lèvres pour la première fois dans un verre alcoolisé. Nous sommes à l’automne et c’est à cette saison que l’on boit le vin nouveau et plus particulièrement ce qu’on appelle dans notre région viticole, " la bernache". Je sirote donc dans le verre de mon grand-père cette essence nouvelle de raisin fraîchement pressé, à la couleur ressemblante à de l’eau de cologne mélangée à l’eau. J’adore ce goût sucré de raisin clair. Momo s’amuse à me voir autant aimer ce jus que l’on boit comme du petit lait à la réputation peu alcoolisé mais qui déjà à mon jeune laisse des empreintes indélibiles dans les neurones de mon cerveau, même si je n’ai jamais bu un autre alcool lors des tournées de bars avec mon grand-père. Je ne lui en veux pas car nous étions à une autre époque et ce n’était pas vraiment quelque chose d’anormal. Je fais donc mes premiers pas dans l’alcoolisme sans le savoir évidemment. Car boire de l’alcool semble une chose tout à fait normal. Je suis donc le petit chat lipant le petit lait dans le verre de mon grand-père, et personne ne trouve ça anormal. Bien au contraire, j’entends même encore raisonner à mes oreilles : ça va te faire du bien et te réchauffer !